Le professeur d’Ethologie des créatures magiques déclara son cours terminé et nous laissa sortir. Poussant un soupir de soulagement, je me levais, ravi de pouvoir enfin me dégourdir les jambes. Si j’aimais particulièrement ce cours, le chapitre sur les techniques d’apprivoisement des Griffons que nous étions en train d’étudier n’était pour moi que révisions. J’avais trouvé le mois dernier un livre sur le sujet que je n’avais pas manqué de dévorer. Tout ce temps assis était donc pour moi une sorte de gâchis. Rassemblant mes feuilles et mes manuels, je les disposais tranquillement dans mon sac avant de suivre lentement le chemin des autres élèves qui sortaient de la salle. Aaron m’attendait dans le couloir pour qu’on puisse discuter du prochain devoir que nous devions rendre. Il avait quelques difficultés et voulait s’assurer que son travail n’était pas en vain.
Marchant à travers les couloirs, je finis par le stopper, lui indiquant que nos routes devaient se séparer. Le rassurant sur son travail mené pour l’instant, je le saluais et pris sans trop me pressé la route vers le parc. J’attendais avec impatience, depuis plusieurs jours, le cours auquel je devais assister. Exceptionnellement, le professeur nous avait donné rendez-vous dans le parc aujourd’hui. En partenariat avec sa collègue, elle nous avait annoncé la semaine dernière que pour
« assurer la bonne entente entre tous les cursus universitaires », notre cours sur les Soins aux Créatures Magiques serait donné en coopération avec celui du cursus de la Médecine Magique. Qui disait Médecine Magique, disait Moïra. Et ça, ça ne pouvait que me réjouir.
Quand je rejoignis mon groupe au niveau du Parc, je ne vis personne si ce n’est notre promotion. Les mains dans les poches, je regardais autour de moi si je pouvais voir un autre grouper arriver. Rien. La professeur nous indiqua que les dixièmes années étaient en avance par rapport à nous et que nous devions nous dépêcher. Le rappel à l’ordre fut donné puis le signal de départ. La petite douzaine d’étudiants sorciers que nous étions s’enfonça lentement à travers la Forêt Interdite. Le chemin était assez escarpé mais restait pour le moment familier. Bien qu’en tant que préfet j’avais pour devoir de me tenir éloigné de la Forêt (comme tout élève non accompagné), je devais avouer que parfois à curiosité et l’envie de solitude m’amenait jusqu’à ici. On bifurqua soudainement sur la droite arrivant sur un nouveau sentier. De notre position, on pouvait déjà entendre les voix de l’autre groupe qui nous attendait. Le sac en bandoulière, les mains dans les poches, je m’approchais du groupe ne pouvant malheureusement pas voir mon amie.
Dans son fauteuil roulant, elle était plus petite que tout le monde et n’était donc pas facile à trouver. Je la trouvais finalement grâce à son signe de main destiné à … Je fis mine de regarder autour de moi et de mimer par la suite un petit « moi ? » en m’auto-désignant du doigt. Finissant la petite blague avec un sourire, je m’approchais d’elle.
« Salut beau brun », me salua-t-elle. Je souris avant de lui répondre calmement mais joyeusement
« Salut Moïra. Heureux de te voir de si bon matin ! ». « Bon, tu sais pourquoi on est là ? », me demanda-t-elle. Elle ajouta ensuite avec un geste théâtral parfaitement juste
« A nous pauvres dixièmes années, on ne nous a rien dit ». Je souris et ris, tentant le plus possible de ne pas trop gêner les autres. Quelques pairs d’yeux curieux nous observaient. Ca n’avait rien d’exceptionnel et d’extraordinaire : il y avait toujours quelqu’un qui nous trouvait un peu bizarre.
« Il me semble avoir entendu ma prof parler de Botrucs. Ce que, pour tout avouer, je trouve très peu original. C’est le genre de bête que tout le monde a déjà vu au moins une fois dans sa vie ». Regardant Moïra, je m’étonnais
« Ne me dis pas que tu ne sais pas ce que c’est… ». En attendant sa réponse, je me rappelais que j’avais ce matin pensé à lui ramener un petit quelque chose qui, ça j’en étais sûr, allait lui faire plaisir. Attrapant dans mon sac, un paquet de confiserie, je lui tendis
« Tiens, c’est pour toi. Je sais que ce sont tes préférés ».