Début d’après-midi. Malgré le soleil qui rayonne dehors et fait le bonheur des gens, je n’ai pas envie de sortir. Il y a des jours comme ça ou la seule chose que j’ai envie de faire, c’est de me retrouver seule, moi et un bouquin. Non pas que je déprime, ou quoi que ce soit d’autres, mais j’ai juste besoin d’une pause dans ma vie d’élève qui est malgré tout bien chargée. Alors dans ces moments, je m’éloigne de toute population, ce que je trouve religieusement reposant. Mon lieu favori pour ça, est sûrement le couloir vide du deuxième étage. Le parc est bien trop distrayant pour être reposant et la bibliothèque à bien trop de choses à m’apprendre pour que je puisse me reposer aussi, alors je viens dans ce couloir, je m’assois par terre. Je suis presque sûre de ne voir personne vu le temps qu’il fait et ça me donne le sourire. Puis les rares personnes qui ont l’habitude de passer ici ne s’arrête jamais. Voir une fille assise seule dans un couloir avec un livre est souvent pour eux synonyme d’une personne coincée, qui n’a pas d’amis ou qui déprime. Et l’Homme n’aime pas aller vers les gens seuls, les gens qui sont tristes, ou tout simplement ceux qui ne sont pas beaucoup entourés, parce que ça fait peur, parce qu’ils ont peur d’attraper cette « maladie », parce qu’ils craignent la solitude qui peut pourtant être une bien plus forte alliée que les dizaines « d’amis » dont l’Homme est capable de s’entourer. Alors à quoi bon venir voir une rousse en train de lire un roman dans un couloir désert quand on peut profiter du soleil et des autres ?


J’arrive au deuxième étage, puis bien vite dans le couloir en question. Je laisse glisser mon dos le long de la pierre froide du mur, m’assois  en tailleur et ouvre mon livre à la dernière page que j’avais lue. Je relis cette dernière pour me souvenir de l’histoire et continue ma lecture lente et appliquée. Mon livre est assez horrible à lire, intéressant, mais horrible. Il montre l’horreur humaine, les choses que nous, humains, sommes capables de faire. J’admire le lecteur qui a écrit ce livre qui ne serait malheureusement pas compris par quelqu’un qui le lirait rapidement. Des dizaines, des centaines de messages y sont cachés. Sur les 4000 pages que contient le livre, je redoute chaque instant mais attend pourtant avec impatience chaque nouvelle action. Lorsque je me perds dans la lecture, je peux y passer des heures, je ne vois pas passer le temps. Si bien que quand je regarde ma montre, je m’aperçois qu’il est déjà plus de 16h.  J’allais finir mon chapitre puis repartir quand les pas de quelqu’un se firent entendre. Je regardais le bout du couloir pour voir le nouvel arrivant. Je ne mis pas longtemps pour le reconnaitre. Priam. Toujours aussi souriant. Je sais pourtant que la discussion future entre lui et moi allait mal se finir, mais je ne pouvais m’empêcher de l’apprécier malgré tout.

Hey le chiant, qu’est ce que tu fais là ?

 

Le jeune homme ne remarque ma présence que lorsque je parle. Il relève la tête vers moi. Avant même qu'il ouvre la bouche, je sais qu'il va sortir une connerie, parce que c'est ce qu'il fait à chaque fois qu'il est avec moi. Des gens se sont acharnés à me dire qu'il n'était pas comme ça avec tout le monde, jusqu'à ce que je les crois enfin. Il faut croire que le brun a besoin de quelqu'un pour se défouler de temps en temps, et je suis l'heureuse - ou pas- élue. Malgré tout, je sais qu'il reste quelqu'un de cool et de plutôt gentil. Je l'aime bien.

Je me promène dans notre grand château ? Et toi ? Tu essaye de cacher aux autres élèves que tu es rousse ?


Ok, je l'aime moins bien. Décidément, même ici et même avec les gens que  je connais depuis un moment, la couleur de mes cheveux restera une plaie pour moi toute ma vie. Je n'ai jamais compris ce que les gens reprochent aux roux. Nous sommes des gens rares, uniques et originaux face à des troupeaux de petits moutons qui essayent tous de ressembler à leur voisin. Des extrémistes étaient tellement racistes qu'ils avaient encore des comportement dangereux face aux roux il n'y a pas si longtemps que ça; je ne veux même pas compter le nombre de roux qui se sont fait brûler sur un bûcher un jour où l'autre dans les anciennes époques. Je relève les yeux vers mon ami avec un grand sourire, parce que j'ai pris l'habitude de l'entendre sortir des absurdités.

Et toi ? Tu cherches à cacher aux autres que tu es con ?


Je ferme mon livre et me relève, me plantant devant Priam. Je me sens un peu petite à côté de lui, comme toujours, mais pas inférieure, loin de là.

Comment va monsieur Peverell ?